Projet éducatif & pédagogique

La mission d'accompagnement

1) Missions et objectifs

Quatre grands objectifs pour l’ accompagnement des jeunes à La ferme du lama bleu peuvent être dégagés :

a) Favoriser l’ épanouissement social, affectif, intellectuel, et phy sique de chaque j eune : Métacommunication : ou comment aborder notre manière de communiquer. M. est addict à son téléphone. Lors d’ un chantier extérieur je l’ ai interpellé à ce sujet. M. a réagi avec virulence et a manifesté sa colère à mon égard tout en fuyant mon regard. Un éducateur est intervenu dans la conversation, ce qui nous a permis de prendre du recul sur cette situation, notamment en évoquant le fait qu’ en Afrique, ne pas regarder un adulte dans les yeux est perçu comme un signe de respect. Cette triangulation a permis de mieux comprendre les différentes perspectives en jeu, de favoriser un dialogue constructif et de renforcer le respect mutuel.

b) Lorsque L. est arrivé, nous avons pu entendre de la part d’ autres jeunes : non, on ne fait pas cela ici. Les jeunes se placent souvent en ambassadeurs et protègent ainsi leur lieu en énonçant les façons de faire.

c) Renforcer l’ estime de soi : S’ agissant de l’ outil pédagogique à notre disposition : l’ animal et l’ environnement de la ferme, chaque jeune est capable d’ exprimer un savoir- faire spécifique. Ainsi J, nouvellement arrivé à trouver une manière très logique de répartir les copeaux de bois sur les parterres de f leurs sans abimer ces dernières. En effet, il a placé un pot vide à l’ envers sur les f leurs pour les préserver. Bravo. Ainsi J est reconnu et valorisé par les autres jeunes et adultes. Cette compétence permet à l’ équipe éducative d’ entrevoir son potentiel et de l’ orienter de façon adaptée. Ce contexte : pouvoir faire de l’ extérieur à l’ intérieur du site est privilégié. I l a autorisé ce jeune de s’ exprimer autrement qu’ à l’ intérieur et ainsi d’ être valorisé. J a donc pu trouver sa place et être intégré plus rapidement. Ce contexte d’ accueil est propice à l ’ émergence et l ’ accompagnement de chacun.

d) Privilégier l’ accès à l’ autonomie et l’ ouverture vers l’ extérieur : L’ emploi du temps intègre que tous les samedis les jeunes sortent sur Lons Le Saunier ou autre, que ce soit pour des achats de vêture, des loisirs ou simplement une promenade. Ce temps est primordial pour les jeunes qui sont intégrés dans un milieu scolaire par exemple. De plus, nos jeunes sont en relation avec certains ‘ ’ anciens pensionnaires’’ avec qui nous sommes en rapport et voir plus. Certains de ces jeunes ont un appartement et un emploi f ixe autour de Lons Le Saunier. Le fait de côtoyer ces ‘ ’ grands frères’’ est porteur de sens. Cette continuité offre une vision différente pour certains jeunes placés dont le parcours de vie est empreint de ruptures.

e) Explorer la notion de famille : Lors de la réfection du chemin, l’ ensemble de la famille, y compris la famille élargie était présente. Depuis cet évènement, les jeunes évoquent ‘ ’ papi’’ avec une grande affection et un profond respect. I ls prennent beaucoup de plaisir à jouer à la pétanque avec lui.

Cet accompagnement proposé se concrétise dans différents aspects : L’ accompagnement éducatif au quotidien

Les apprentissages Le soin

Le lien avec les familles

L’ équipe éducative de La ferme du lama bleu souhaite construire avec et faire vivre à chaque jeune accueilli ainsi qu’ à sa famille une relation de confiance . Pour cela, il est nécessaire de cheminer avec chaque personne là où elle en est, de porter attention et reconnaissance à son existence, à ses aspirations et capacités.

1) Le projet personnalisé

Issu de la loi 2002 - 02 , Le Projet Personnalisé est obligatoire dans toutes les structures sociales et médico- sociales.

I l est fait « pour et avec » l’ usager. I l est réalisé, si possible, en accord avec les parents de l’ usager ainsi que son référent de l’ Aide Sociale à l’ Enfance. La forme contractuelle de ce document découle directement de la volonté du législateur de faire participer la personne accueillie à son projet d’ accueil. Cette notion de contrat est l’ un des apports fondamentaux de la loi 2002 - 02 . Elle l’ a imposé comme fondement des relations entre les personnes accueillies et les services ou établissements médico- sociaux.

I l est un facteur essentiel de clarification juridique, de visibilité et de transparence. Son opposabilité en fait un document de référence, à même de pouvoir prévenir les litiges, ou d’ en faciliter la résolution.

Nous souhaitons accueillir chaque adolescent dans sa singularité. Au- delà de la rencontre, l’ accueil correspond à un positionnement professionnel construit avec le jeune, sa famille et son réfèrent ASE à travers l’ écoute, le recueil et la prise en compte de ses attentes.

2) Le cahier journalier

En rapport avec la loi 2002 - 2 , tout évènement significatif concernant chaque jeune est relaté quotidiennement dans un cahier journalier individuel. Ces éléments importants permettent de réaliser des synthèses semestrielles transmises aux référents ou inspecteurs de l’ Aide Sociale à l’ Enfance.

3) Autres écrits

Deux s y nthèses sont réalisées par an : en juillet et en décembre. Elles sont destinées aux référents ASE de chaque jeune et le cas échéant envoyées à l’ inspecteur ASE. Elles contribuent à faire évoluer le projet personnalisé. Elles reprennent différents points : l’ internat à La ferme du lama bleu, le quotidien, la santé, les relations avec la famille, la scolarité et les relations avec le maître d’ apprentissage et/ ou le CFA, une conclusion.

Des bilans ou rapports d’ évolution et de situation peuvent également être rédigés à la demande. De même des rencontres trimestrielles donnent lieu à un compte- rendu qui est transmis aux référents. Ces rencontres permettent de faire le point avec le jeune d’ une façon plus formelle et de mettre l’ accent sur les points forts et ceux à travailler. Ce document est signé par le jeune et son référent.

2) L'accompagnement éducatif au quotidien

1) Positionnement théorique et concept d’ empathie

Bien que l’ on s’ appuie sur des concepts, des notions, pour nous la relation et le lien prévalent. De fait, nous réinterrogeons nos pratiques sous différents angles

: formations initiales, expériences, formations continues, analyse des pratiques, etc.

Au sein d’ un LVA, la singularité de chacun prédomine. En ce sens, la mise en valeur de la personnalité et l’ implication de chacun s’ impose. Néanmoins, la cohérence, l’ unité et la vision de l’ équipe est et reste primordiale de façon à permettre au groupe d’ être en sécurité et d’ évoluer le plus sereinement possible. Nous connaissons bien les conséquences de l’ effet miroir, ( concept d’ isomorphisme) sur le bien- être ou non d’ une équipe.

2) Le quotidien éducatif

L’ accompagnement éducatif s’ inscrit naturellement dans le quotidien, où le « faire ensemble » est au cœur des interactions. Cet événement constitue un espace essentiel pour établir une relation éducative, expérimenter de nouveaux modes de communication et explorer différentes manières d’ interagir. C’ est également un lieu propice à la transmission de valeurs.

L’ équipe éducative aspire à transmettre des valeurs centrées sur le « vivre ensemble » : le respect de la loi, des règles de la vie en communauté, des autres, de soi- même et des biens matériels. La f inalité est l’ émergence d’ un apaisement, d’ un bien- être, ainsi que d’ une autonomie durable à long terme au sein de la société.

Vivre ensemble implique d’ accepter le partage des espaces et des responsabilités, d’ apprendre la rigueur, le respect d’ autrui et la solidarité en veillant à l’ hygiène et l’ entretien des espaces communs et personnels. A travers cette expérience collective, chaque jeune a l’ opportunité de se questionner sur lui- même, sur sa place au sein du groupe.

Le cheminement vers une plus grande autonomie passe par l’ acquisition de compétences pratiques et relationnelles au quotidien, notamment à travers le respect d’ un lieu de vie partagé. Cela nécessite une implication active dans l’ entretien du LVA, ainsi que des soins et aménagements divers liés à l’ outil pédagogique. Ainsi, les jeunes participent aux tâches de la vie quotidienne, telles que le ménage, la préparation des repas et l’ entretien de la maison. I l s’ agit ici du « vivre avec » et du « faire avec » .

Pour faciliter leur engagement dans ces démarches, plusieurs protocoles relatifs aux activités quotidiennes ( entretien de la chambre, des espaces communs), des protocoles liés à l’ outil pédagogique animal ( soins aux animaux, f iches de pansage, etc.) et des protocoles pour l’ entretien du site ( gestion des espaces verts et autres) ont été mis en place.

Le quotidien permet d’ offrir des repères éducatifs qui développent le sentiment d’ appartenance ( où je suis, dans quelle temporalité, où je vais et avec qui) et une sécurité. Au quotidien, des temps en individuel avec l’ éducateur sont à encourager, pour renforcer le sentiment d’ individualité ( temps d’ échange/ d’ écoute, jeux de société, soutien scolaire, tâche particulière à réaliser etc.). Ces moments privilégiés permettent de soutenir le jeune dans la gestion de son budget, la gestion de sa vêture et de l’ argent de poche. De même, ces temps forts permettent d’ évoquer de façon confidentielle l’ accompagnement mis en place : l’ hygiène corporelle par exemple, les visites à la famille, la santé et d’ autres aspects essentiels de son développement personnel. En créant un espace de confiance, d’ écoute et de lien, ces interactions favorisent l’ épanouissement du jeune et l’ aident à construire des compétences pour son avenir.

Le lever

En semaine, les levers se préparent dès le repas de la veille afin de pouvoir s’ organiser en fonction de l’ emploi du temps de tous. En effet, chaque jeune dépend des horaires de son école ou de son travail. Pour cela le planning de la semaine est affiché au bureau et à la cuisine, chacun peut le consulter. Nous privilégions les transports en commun, cependant chaque jeune nécessite une prise en charge adaptée et nous devons nous déplacer en tenant compte des contraintes qu’ implique le projet : en effet pour L. nous avons dû faire environ 100 kilomètres ( aller- retour) par jour durant l’ année scolaire, etc.

Lorsque les beaux jours arrivent, nous laissons les jeunes faire les trajets à pied vers l’ arrêt de bus de Boissia matin et soir ( environ 7 - 8 minutes de marche). Ces paramètres modifient l’ heure de réveil de chacun et nous obligent à nous organiser de manière efficace pour réaliser nos tâches quotidiennes.

Généralement, les jeunes se réveillent donc entre 6 h00 et 7 h30, se préparent, et déjeunent en autonomie. Entre jus de fruits, café ou chocolat, pain ou céréales, les jeunes se servent seuls, De plus, l’ éducateur va chercher du pain frais tous les matins ainsi que des viennoiseries le dimanche.

Les jeunes sont souvent pressés pour être à l’ heure au bus afin de se rendre en cours ou au travail et ne prennent pas toujours le temps de bien déjeuner malgré nos nombreux rappels de se lever quelques minutes plus tôt. Avant de partir, ils doivent s’ assurer que leur chambre soit propre et rangée, que le lit soit fait et que la chambre soit aérée. L’ éducateur vérifie et valide, en accord avec le jeune, l’ état des chambres en fonction du protocole établi. L’ éducateur rempli ce que nous appelons le tableau d’ entretien des chambres. À la f in de chaque mois, nous attribuons un bonus d’ argent de poche en fonction du relevé du tableau journalier. Cela permet de faire prendre conscience à nos jeunes de ce qu’ implique le quotidien et de les amener à l’ autonomie.

Depuis la rentrée scolaire 2024 , nous fermons les chambres à clefs de 9 h00 à 17 h00, sachant qu’ un planning est établi durant la semaine suivant la saison, etc. Les jeunes ont été informés de ce changement dès l’ été : un courrier individuel leur a été adressé en reprenant le cadre, les objectifs ainsi que les modalités à venir. La mise en œuvre n’ a pas été évidente. En effet, un jeune a saboté le verrou à plusieurs reprises pour manifester son mécontentement. Depuis, la règle est intégrée et favorise le lien du collectif.

Les couchers

A La ferme du lama bleu, l’ extinction des feux se fait à 21 h30 pendant la semaine et 23 h00 le weekend ou sur demande lors d’ émissions importantes ou matchs de football par exemple. Les jeunes se dirigent souvent vers leur chambre un peu plus tôt que l’ heure prévue. L’ objectif est de s’ assurer que chacun d’ entre eux ait suffisamment de temps de sommeil, ce qui est important pour leur bien- être physique et mental, surtout après une journée d’ activités. I l est indispensable pour nous, éducateurs, que les jeunes prennent conscience de l’ importance du sommeil, et qu’ ils tiennent un rythme d’ école et/ ou de travail conséquent que la société actuelle nous impose.

Nous sommes bien conscients que certains jeunes ne dorment pas toujours à 21 h30 et chacun doit apprendre à respecter les autres, d’ autant plus qu’ ils sont souvent deux par chambre. Certains jeunes étant en apprentissage, leurs journées sont fatigantes et ils ont besoin de se reposer en conséquence. C’ est pourquoi nous voulons qu’ à l’ heure de l’ extinction des feux, chacun soit dans son lit et au calme, les téléphones en mode silencieux, les lumières éteintes.

La gestion du téléphone reste lourde comme dans la plupart des foyers. Cependant, il nous semble impossible de devoir prendre les téléphones le soir. Nous tentons d’ informer et d’ éduquer nos jeunes à une meilleure gestion et un plus grand respect vis- à- vis de leur pair. Certains jeunes comprennent l’ importance de ces règles pour leur santé et leur bien- être. D’ autres plus ‘ ’ accro’’ ressentent de la frustration voire de la colère ou de la violence face à ces remarques ou restrictions, surtout que la plupart du temps, ils estiment que leur téléphone est un moyen pour rester en lien avec leur famille ou leurs amis. Lorsque nous ressentons une dépendance, nous travaillons avec le jeune afin qu’ il puisse prendre conscience de cette difficulté et puisse être pris en charge par un thérapeute. Nous remarquons de plus en plus, dans le cadre de la scolarité qu’ un travail sur cette dépendance est mis en place.

Les repas

Préambule : L’ identité de La ferme du lama bleu est de s’ inscrire dans un modèle familial. Ce qui implique un fonctionnement similaire : vivre ensemble, respect de soi, des autres et partages.

Le temps fort de toute famille s’ articule souvent autour des repas. Le repas du soir est l’ unique moment de la journée en semaine où nous sommes tous ensemble, où nous pouvons discuter, se détendre et rire. I l est donc essentiel que l’ éducateur soit disponible et dans de bonnes dispositions à ce moment- là.

Concrètement, le calendrier de la semaine est affiché indiquant les informations nécessaires pour offrir un repère et une possibilité de se projeter. De même, le menu de la semaine est élaboré à l’ avance par un éducateur. Chaque jeune a la possibilité de proposer des idées. Une fois validé le menu sera affiché pour la semaine en cours.

I l est important de noter que le menu du samedi soir est, pour les jeunes, ‘ ’ Le temps fort’’ au niveau des repas. I l est le signe pour eux d’ une transmission et d’ un partage. Un budget leur est alloué, ils élaborent un menu puis une liste de courses. I ls vont acheter les ingrédients nécessaires et ils cuisinent ensemble. Ce temps de partage et d’ engagement et synonyme de vie. En effet, nous constatons, en tant qu’ éducateurs, la spontanéité, la convivialité et la joie d’ être ensemble : il y a des rires et des éclats de voix positifs et de bien- être souvent effacés en semaine avec la fatigue et les portables !

Parallèlement à l’ accueil d’ un jeune, le moment du repas nécessite une préparation : aller chercher les jeunes au bus, être ponctuel est synonyme d’ attention et de respect. Une grande attention est apportée à la qualité des produits : viande achetée en boucherie, pain frais tous les jours, légumes achetés chez le primeur, etc. Dans la mesure du possible, nous tentons de favoriser le circuit le plus court. La quasi- totalité des repas est élaborée par nos soins. Cette phase de préparation permet à l’ éducateur de mesurer l’ ambiance du groupe et l’ état d’ esprit de chacun. Bien que nous incitions journellement nos jeunes à participer à la confection du repas, c’ est principalement l’ éducateur qui le réalise afin que le service commence à 19 h00.

Le temps de repas a de multiples fonctions : Fonctions primaires :

Se nourrir : remplir l’ estomac et l’ estime de soi.

Apprendre à confectionner un repas sain, équilibré en quantité adaptée. Définir et respecter un budget.

Fonctions affectives et relationnelles : Notion de plaisir

Se faire du bien

Notion de partage Se tolérer

Respecter les règles et les codes. S’ écouter et pouvoir s’ exprimer.

L’ éducateur a une fonction de régulation ; le processus étant d’ observer activement de manière impliquée. Cela dans l’ objectif de tenter de repérer le bien- être ou non de chaque jeune accompagné. Pour faire le parallèle avec la famille, l’ éducateur a le rôle de la mère nourricière qui pose et fait respecter le cadre de manière bienveillante.

De même, nous mettons un point d’ honneur à ce que chacun participe à la mise de table, le débarrassage et le nettoyage de la cuisine. Le fait de remettre en question le tableau de répartition des tâches autour de la table n’ a pas été simple ni anodin pour nos jeunes. Ce document disparu a fait apparaître des peurs, entre autres, celles de devoir en faire plus, ou encore celle de perdre un droit. Les jeunes se sont sentis sans repère car trop responsabilisés. Le fait de partager du temps, des idées, de donner de soi favorise la création du lien et offre la possibilité à chacun de se montrer tel qu’ il est et d’ être authentique dans un climat de sécurité et de confiance.

La notion d’ empathie : pour Rogers l’ empathie est un processus d’ entrée dans le monde perceptif d’ autrui, qui permet de devenir sensible aux mouvements d’ affects qui se produisent chez ce dernier, tout en gardant conscience d’ être une personne séparée de lui.

Conclusion : Le moment du repas ne se réduit pas au simple fait de ( se) nourrir, i l implique de prendre le temps de se poser, d’ être attentif et de faire attention aux émotions, souhaits ou état d’ âme de chacun. Comme l ’ a dit K ‘ ’ le temps de repas, c’ est comme la famille, les mauvaises idées disparaissent, on rigole ensemble’’. ‘ ’ C’’ d’ ajouter ‘ ’ ces temps nous unissent’’.

Cette préoccupation autour de ce temps de partage a pour objectif d’ amener le jeune à être autonome en trouvant l ’ équilibre entre la notion de plaisir et de budget, dans un cadre contenant. En effet, la présence de l ’ éducateur apporte des l imites que ce soit dans les quantités et le rapport affectif à la nourriture ( canaliser un stress ou une émotion négative, sentiment de solitude, etc.).

Groupe et espace de parole

Au sein du LVA, existe un groupe de parole que nous avons nommé ‘ ’ Réunion jeunes’’. L’ ensemble des jeunes accueillis sur le LVA se réunit tous les deux mois pour aborder des thèmes variés, souvent proposés par l’ équipe éducative. L’ objectif de ces rencontres est de créer un espace d’ échange et de réflexion où les jeunes peuvent partager leurs idées, leurs préoccupations et leurs aspirations dans un cadre bienveillant et respectueux.

Initialement nous avions prévu d’ organiser ces réunions sur une base mensuelle. Cependant, après avoir recueilli les avis des jeunes, il est apparu qu’ une telle fréquence était jugée trop contraignante du fait qu’ un espace de parole existe. I ls ont donc exprimé leur préférence pour une réunion bimensuelle. Chaque jeune a la possibilité d’ accéder à cet espace, souvent situé au bureau, pour exprimer ses souhaits, ses préoccupations ou tout autre sujet qui lui tient à cœur. Cet accès privilégié favorise une communication ouverte et participe à renforcer le lien de confiance entre les jeunes et l’ équipe éducative.

1) Les modalités de g estion de l’ arg ent de poche et de la vêture, etc:

Argent de poche

En dehors des quinze euros alloués pour un achat mensuel de carte téléphonique, chaque jeune dispose d’ une f iche de compte qui est conservée dans un petit classeur dans le bureau de l’ équipe éducative. Chaque jour, les éducateurs remplissent la f iche intitulée ‘ ’ entretien de la chambre’’ selon le protocole établi. A la f in de chaque mois, l’ argent de poche était calculé en fonction de ces évaluations.

Pour chaque jour où l’ entretien de la chambre et des lieux communs étaient jugés satisfaisants, le jeune recevait deux euros d’ argent de poche. A la f in du mois, l’ argent de poche pour le mois suivant était calculé en fonction de ces évaluations et la f iche manuscrite était mise à jour. Cependant nous avons constaté que valoriser ou sanctionner à travers l’ argent de poche n’ était plus en adéquation avec notre approche éducative. Ainsi, une réflexion a été engagée pour déconstruire notre ancienne pratique, en mettant l’ accent sur la valorisation des compétences plutôt que sur la sanction. Cette dynamique de renforcements positifs a plus de sens que de se concentrer sur les manques ou les défauts. Désormais, en dehors des quinze euros alloués pour un achat mensuel de carte téléphonique, chaque jeune recevra une allocation de base d’ un euro par jour d’ argent de poche. Une gratification complémentaire pourra être allouée par l’ équipe éducative, en récompense d’ une implication supérieure à la normale dans la limite de soixante euros par mois d’ argent de poche au total. Par ailleurs, une f iche hebdomadaire intitulée ‘ ’ bilan de la semaine’’ est mise en place chaque dimanche. L’ idée est de faire un point avec chaque jeune de façon individuelle. En terme d’ accompagnement, c’ est permettre au jeune de réaliser le parcours nécessaire vers l’ autonomie.

Arg ent de vêture

Chaque jeune reçoit deux euros par mois d’ argent de vêture qui sont crédités sur un compte. Une f iche numérique, qui est nominative, est affichée au bureau et est mise à jour chaque mois en fonction des achats. Chaque mois une sortie vêture est organisée pour permettre aux jeunes d’ acheter des vêtements. I ls peuvent choisir les vêtements qu’ ils souhaitent, en fonction de leurs besoins ou de leurs envies, tant que cela reste dans la limite de l’ argent qu’ ils ont thésaurisé. Après chaque achat, la f iche est mise à jour, chaque transaction est codifiée. Cela permet à chacun de retrouver facilement les dépenses et, si nécessaire, de retrouver la facture de l’ achat. Ce système aide les jeunes à gérer leur budget tout en leur offrant la possibilité de faire des choix selon leurs préférences.

Argent pour la carte téléphonique

Chaque mois, les jeunes qui ne sont pas en alternance reçoivent une aide f inancière de quinze euros pour l’ achat d’ une carte téléphonique. Cela leur permet de gérer leurs communications.

3) Orientation scolaire et professionnelles

Environ 90% des jeunes arrivent à La ferme du lama bleu en situation de rupture scolaire. Dans le cadre du Projet Personnalisé, l’ équipe a pour responsabilité de repérer les intervenants extérieurs susceptibles de soutenir et de favoriser le parcours souhaité par le jeune.

Afin de proposer à chaque jeune une orientation adaptée à ses souhaits et ses capacités, nous collaborons avec les structures scolaires et professionnelles et celles œuvrant pour l’ insertion des jeunes. Le réseau de partenaires que nous avons tissé au f il des ans nous permet d’ intégrer nos jeunes facilement dans la vie active.

En relation avec le Centre d’ Informations et d’ Orientations de Lons Le Saunier et de Poligny, différentes évaluations peuvent être réalisées : bilans des capacités, tests de niveau et de compétences, etc.

Une aide aux devoirs est proposée. Les jeunes peuvent s’ emparer de ce soutien, afin de mieux vivre leur scolarité. Certains jeunes ont une aversion pour « l’ école » , ils ont besoin d’ une attention particulière pour se réconcilier avec la position d’ élève.

4) L E S O I N

Les soins physiologiques

Tous les jeunes bénéficient d’ un suivi médical : soins généraux ( en lien avec la maison de santé de Clairvaux, avec chacun un médecin traitant) dentaires, ophtalmologiques, dermatologiques, orthoptiques etc. L’ équipe éducative met en place un suivi régulier auprès des professionnels de la santé.

Les soins psychiques

L’ équipe de La ferme du lama bleu est consciente de ses limites dans ce domaine. Nous pouvons conseiller les jeunes en souffrance pour consulter un spécialiste, si besoin. Certains jeunes bénéficient ainsi d’ un suivi psychologique, voire psychiatrique. Nous sommes vigilants à ce suivi et collaborons avec les professionnels afin de répondre au mieux à la problématique du jeune et son évolution. Le Projet Personnalisé du jeune peut être adapté et des solutions envisagées à l’ issue de synthèses entre les différents intervenants ( professionnels de santé, référents ASE, équipe éducative de La ferme du lama bleu).

5) Le lien avec la famille

Au cours du 20ème siècle, le dispositif législatif a évolué et a reconnu l’ enfant et sa famille en tant que sujets de droits. La Convention Internationale des Droits de l’ Enfant, datant du 20 Novembre 1989 , a mis en relief les droits des enfants et a réaffirmé le rôle primordial des parents dans leur éducation. Dans l’ intérêt de l’ enfant, les lois promulguées en ce début de siècle ont incité les établissements concourant à la protection de l’ enfance à se questionner sur leurs orientations de travail, leurs interventions et leurs positionnements professionnels à l’ égard des familles, ainsi que sur les relations qu’ ils entretiennent avec elles.

La volonté de prendre en compte l’ existence des familles dans la prise en charge des enfants placés est donc une démarche relativement récente. Dans un souci d’ adaptation aux réalités familiales ( divorces, séparations, etc.), différentes lois ( 22 Juillet 1987 et 8 janvier 1993 ) sont venues renforcer le droit de l’ enfant à être élevé par ses deux parents. La loi 2002 - 305 du 4 Mars 2002 , réformant l’ autorité parentale, a permis de réguler les conditions de l’ exercice de l’ autorité parentale dans un principe de coparentalité, quel que soit le régime matrimonial des parents.

La loi 2007 - 293 du 5 Mars 2007 , réformant la protection de l’ enfance, s’ est inscrite dans un mouvement visant à requalifier la fonction parentale. C’ est dans une logique de prévention des difficultés rencontrées par les familles dans l’ exercice de leurs responsabilités parentales que cette loi a été prononcée. Un des axes de celle- ci vise à soutenir les parents dans l’ exercice de leur autorité en cas de difficultés ou de fragilités.

Cette loi a permis de faire reconnaître que la responsabilité de protéger l’ enfant était du ressort de la famille et que l’ intervention d’ un service tiers devait être conçue comme provisoire et exceptionnelle. Par conséquent, le cadre législatif tend à favoriser le respect de l’ autorité parentale, le maintien des liens familiaux et la participation des parents à la vie de leur enfant.

Les jeunes que nous accueillons à La ferme du lama bleu sont en situation de rupture avec leur famille ou de difficile prise de distance avec les images parentales. La prise en charge éducative tend le plus souvent à traiter une séparation difficile, un lien pathologique ou un trouble de l’ attachement entre le parent et l’adolescent, à l’ âge où ce dernier doit penser à construire son autonomie et son parcours de vie.

Même si le LVA n’ a pas vocation à accompagner les familles mais les jeunes, les éducateurs soutiennent les familles ( contacts téléphoniques, rencontres, courriers, etc.).

Le lien avec les familles est garanti par un téléphone mis à disposition, et selon les modalités relatives à chaque jeune, l’ organisation de visites des familles sur le lieu de vie, de séjours des jeunes dans leur famille, ou de rencontres médiatisées.

Les familles sont prises en compte dans le parcours de leur enfant et prennent les décisions les concernant. La signature des ou du parent( s) prévaut ( selon qui détient l’ autorité parentale ; à défaut, l’ ASE prend la décision). Des synthèses, visites ou rencontres avec un but défini sont régulièrement organisées, sur le site de La ferme du lama bleu ou au sein d’ un espace neutre.

En accord avec le référent ASE et si cela est possible, l’ équipe éducative doit laisser en conscience la place à la famille du jeune dans son éducation et travailler activement en ce sens. Ce travail se fait au cas par cas, en fonction de la singularité de chacun.

Le journal de La ferme du lama bleu ( La voie du lama : voulu et nommé ainsi par les jeunes ‘ ’ pour le chemin qu’ on y fait’’) tient une place importante dans le lien entre le LVA et la famille : il leur est envoyé, leur donnant un aperçu du quotidien.

Nous ne pouvons pas toujours travailler avec les familles du fait du profil abandonnique de certains jeunes, cependant notre rôle est de travailler au fait que le jeune puisse revoir sa place ou sa fonction dans la cellule familiale.

6) Les ateliers de pré-apprentissages

Préambule : A son arrivée, nous laissons au jeune le temps de se poser. Ce temps est mis à profit pour observer et comprendre son fonctionnement, ses capacités, ses aspirations et ambitions. L’ outil que représente l’ activité à la ferme permet de mieux appréhender ces dimensions. Deux types d’ ateliers sont proposés à La ferme du lama bleu : des ateliers dits de « préapprentissages » quotidiens et des ateliers ponctuels.

Les préapprentissages proposés sont en lien avec la vie à la ferme et avec les animaux. I ls sont donc quotidiens. Aux jeunes inscrits dans un parcours scolaire et ou professionnel, alors peu présents lors de ces ateliers quotidiens, il est tout de même demandé une participation lors de leurs temps de présence au lieu de vie, notamment le week- end.

Nous estimons que les outils offerts par La ferme du lama bleu sont de véritables sources d’ apprentissage, de découverte, d’ épanouissement.

Toutes les activités auxquelles les jeunes participent leurs permettent de découvrir un nouveau milieu ( rural, naturel, animal), leur fournissent des connaissances techniques utiles dans le milieu professionnel ou pour la vie quotidienne ( bricolage, jardinage, aménagement, petites constructions, etc.), et peuvent susciter des vocations, orienter les choix professionnels.

Le partage et la sensibilisation aux valeurs liées aux soins des animaux et aux événements de la vie d’ une ferme sont vécus lors des temps de présence du jeune sur le site.

Obj ectifs des ateliers pédagogiques :

Education : Fournir un support éducatif aux adolescents et jeunes adultes pour établir des liens entre eux et leur environnement, y compris les animaux, les végétaux, la terre, etc.

Acquisition des connaissances : Permettre aux participants d’ acquérir des notions intellectuelles, sensorielles, artistiques et techniques.

Apprendre des techniques : Enseigner des techniques en lien avec le support ‘ ’ ferme’’, comme la soudure ou le travail du bois, etc…. ( lier le côté théorique et pratique).

Héritage culturel : offrir aux jeunes accueillis, dont les mineurs isolés, l’ opportunité de découvrir un héritage culturel.

Responsabilité et devenir écocitoyen : Encourager les jeunes à devenir responsables et à adopter un comportement respectueux de l’ environnement ( parfois avec intervenants extérieurs).

L’ approche des ateliers peut être ludique, expérimentale ou artistique. Elle sera adaptée en fonction des capacités, des intérêts et de la sensibilité de l’ éducateur présent. Enfin l’ accent est mis sur la promotion de l’ initiative, permettant à chacun de participer activement à l’ activité tout en favorisant la prise de responsabilités et en accompagnant les jeunes dans leur maîtrise de l’ apprentissage.

En résumé, ces ateliers ont pour objectif d’ aider les jeunes à se développer sur le plan éducatif, tout en les connectant à leur environnement et en les rendant plus responsables. De plus, ces ateliers fournissent des informations à l’ équipe éducative sur les connaissances, les compétences et les ambitions des jeunes, ce qui permet de mieux les orienter dans leur parcours scolaire ou professionnel.

Le Projet éducatif de La ferme du lama bleu et le projet pédagogique d’ ateliers de créations ou de fabrications s’ appuie sur des principes fondamentaux dont :

Être acteur de l’ atelier favorise la construction de la personnalité de chacun. Les éduquer à l’ autonomie

Les responsabiliser dans leurs pratiques

Leur donner l’ opportunité de développer des capacités intellectuelles, manuelles

De faire l’ expérience du choix et de se construire comme sujet autonome capable d’ esprit critique.

Développer la notion de respect de soi, des autres et de son environnement.

Il convient de permettre à chacun d’ être reconnu et respecté

De respecter l’ autre dans l’ acceptation des différences de compréhension. De développer la solidarité, de favoriser les échanges et le partage

De respecter l' environnement.

Consolider la socialisation du jeune en développant des valeurs de solidarité, d’ esprit d’ équipe que permet des ateliers artistiques ou techniques.

Apporter la possibilité à chacun de partir à la découverte de milieux et d’ environnements inconnus, de favoriser la prise d’ initiative et d’ autonomie tout en garantissant un cadre sécurisant et respectueux des rythmes et capacités de chacun.

Plusieurs axes d’ ateliers seront proposés :

Atelier artistique

Atelier de fabrication de bois f lotté Atelier technique

Atelier cuisine :

Apprendre et donner envie de cuisiner des recettes simples Elaborer un repas équilibré

Sensibiliser sur les normes d’ hygiène et le gaspillage alimentaire Apprendre à organiser son espace de travail

Favoriser la convivialité autour d’ un repas confectionné ensemble Atelier sport

7) Évaluation

Savoir- faire:

Les ateliers sont réalisés avec un ou plusieurs membres de l’ équipe du lieu de vie et éventuellement aussi en contact avec des professionnels extérieurs ( pour aller chercher du matériel, des copeaux pour les box, réceptionner des livraisons de nourriture, etc.).

Les ateliers ponctuels permettent de faire découvrir un métier ou savoir- faire spécifique aux jeunes. I ls peuvent être mis en place car une tâche particulière est à réaliser ( entretien du lieu de vie, aménagement d’ un espace, soin aux animaux) ou à l’ initiative d’ un jeune ou d’ un membre de l’ équipe ( soudure, réalisation d’ un totem en bois, etc.).

Les ateliers sont alors des supports à la fois d’ échanges et d’ apprentissage de certaines méthodes de travail, de la chronologie et étapes de fabrication, d’ approvisionnement, de découverte d’ un corps de métier, de compétences techniques et savoir- faire.

I ls peuvent aussi être vecteur de plaisir. I ls sont prétexte à mettre en avant les compétences des jeunes, à leur permettre de s’ exprimer différemment, éventuellement leur faire découvrir d’ autres centres d’ intérêts, favoriser leur épanouissement. I ls ont aussi une visée créative, sont mis à contribution à des f ins de loisir. Les jeunes peuvent échafauder des projets, en commun ou non. S’ ils sont possibles et cohérents ( utilité, réalisation, budget), l’ équipe met à leur disposition les moyens techniques, f inanciers et humains pour les réaliser : atelier poterie et modelage. IL y a l’ idée de laisser quelque chose de soi dans la création et de l’ objet en témoignage. Ainsi, lorsque des personnes référentes nous rendent visite ( famille, ASE, autres) ces différentes réalisations ou connaissances ( présentation des animaux ou travaux) reflètent d’ une affiliation, d’ une f ierté relative au parcours accompli.

Enfin, ils peuvent également permettre un travail sur la notion de famille, en lien avec le conflit de loyauté que peuvent vivre certains jeunes : on peut vivre et se faire plaisir sans trahir, et en faisant découvrir sans se mettre en avant, ainsi être acteur positif, on vise la valorisation et l’ estime de soi.

L’ équipe éducative propose des ateliers de découverte d’ activités manuelle, artistique, de l’ environnement, relatifs à un projet pédagogique dynamique et interactif.

Nous chercherons à développer une pédagogie où le jeune est acteur ; il découvre et apprend en touchant et en faisant ; il joint le geste à la parole, il participe activement à la construction de son savoir.

La réussite du projet tient à la cohérence dans la mise en place des séances d’ ateliers, adaptées au public, aux projets institutionnels, à nos objectifs éducatifs et pédagogiques et suivant le niveau de compétence de l’ équipe éducative.

Qualité du travail fourni

· Quantité du travail produit

Savoir- être en groupe:

Capacité de travailler en équipe

Relationnel avec les autres jeunes Relationnel avec les éducateurs

Capacité à mobiliser Capacité d’ écoute

Capacité à partager des informations ( esprit d’ équipe) Etre capable de générer de nouvelles idées

Exprimer ses opinions ( oser dire et partager ses idées) S’ intégrer et participer au groupe

Savoir communiquer

Savoir- être:

Être curieux

Être flexible ( savoir faire évoluer le projet et en remettre en cause des parties, apprendre de ses erreurs)

Oser proposer sa pensée ( questionner l’ éducateur si il y a incompréhension) Être persévérant( ne pas abandonner à la moindre difficulté)

Être tolérant( accepté de suivre une idée même “ incomprise”)

Avoir un esprit d’ ouverture( écouter l’ autre en le laissant exprimer ses idées)

Savoir problématiser ( chercher par soi même une solution avant de demander de l’ aide).

Lieu de vie et d'accueil
Préambule Nos valeurs Le profil des jeunes accueillis Caractéristiques de La Ferme du Lama Bleu Equipe éducative Projet éducatif & pédagogique L'animal médiateur, plus qu'une singularité Photothèque Modalités d'admission Procédure d'admission Liens Contact / Accès	Projet éducatif & pédagogique La mission d'accompagnement 1) Missions et objectifs Quatre grands objectifs pour l’ accompagnement des jeunes à La ferme du lama bleu peuvent être dégagés : a) Favoriser l’ épanouissement social, affectif, intellectuel, et phy sique de chaque j eune : Métacommunication : ou comment aborder notre manière de communiquer. M. est addict à son téléphone. Lors d’ un chantier extérieur je l’ ai interpellé à ce sujet. M. a réagi avec virulence et a manifesté sa colère à mon égard tout en fuyant mon regard. Un éducateur est intervenu dans la conversation, ce qui nous a permis de prendre du recul sur cette situation, notamment en évoquant le fait qu’ en Afrique, ne pas regarder un adulte dans les yeux est perçu comme un signe de respect. Cette triangulation a permis de mieux comprendre les différentes perspectives en jeu, de favoriser un dialogue constructif et de renforcer le respect mutuel. b) Lorsque L. est arrivé, nous avons pu entendre de la part d’ autres jeunes : non, on ne fait pas cela ici. Les jeunes se placent souvent en ambassadeurs et protègent ainsi leur lieu en énonçant les façons de faire. c) Renforcer l’ estime de soi : S’ agissant de l’ outil pédagogique à notre disposition : l’ animal et l’ environnement de la ferme, chaque jeune est capable d’ exprimer un savoir- faire spécifique. Ainsi J, nouvellement arrivé à trouver une manière très logique de répartir les copeaux de bois sur les parterres de f leurs sans abimer ces dernières. En effet, il a placé un pot vide à l’ envers sur les f leurs pour les préserver. Bravo. Ainsi J est reconnu et valorisé par les autres jeunes et adultes. Cette compétence permet à l’ équipe éducative d’ entrevoir son potentiel et de l’ orienter de façon adaptée. Ce contexte : pouvoir faire de l’ extérieur à l’ intérieur du site est privilégié. I l a autorisé ce jeune de s’ exprimer autrement qu’ à l’ intérieur et ainsi d’ être valorisé. J a donc pu trouver sa place et être intégré plus rapidement. Ce contexte d’ accueil est propice à l ’ émergence et l ’ accompagnement de chacun. d) Privilégier l’ accès à l’ autonomie et l’ ouverture vers l’ extérieur : L’ emploi du temps intègre que tous les samedis les jeunes sortent sur Lons Le Saunier ou autre, que ce soit pour des achats de vêture, des loisirs ou simplement une promenade. Ce temps est primordial pour les jeunes qui sont intégrés dans un milieu scolaire par exemple. De plus, nos jeunes sont en relation avec certains ‘ ’ anciens pensionnaires’’ avec qui nous sommes en rapport et voir plus. Certains de ces jeunes ont un appartement et un emploi f ixe autour de Lons Le Saunier. Le fait de côtoyer ces ‘ ’ grands frères’’ est porteur de sens. Cette continuité offre une vision différente pour certains jeunes placés dont le parcours de vie est empreint de ruptures. e) Explorer la notion de famille : Lors de la réfection du chemin, l’ ensemble de la famille, y compris la famille élargie était présente. Depuis cet évènement, les jeunes évoquent ‘ ’ papi’’ avec une grande affection et un profond respect. I ls prennent beaucoup de plaisir à jouer à la pétanque avec lui. Cet accompagnement proposé se concrétise dans différents aspects : L’ accompagnement éducatif au quotidien Les apprentissages Le soin Le lien avec les familles L’ équipe éducative de La ferme du lama bleu souhaite construire avec et faire vivre à chaque jeune accueilli ainsi qu’ à sa famille une relation de confiance . Pour cela, il est nécessaire de cheminer avec chaque personne là où elle en est, de porter attention et reconnaissance à son existence, à ses aspirations et capacités. 1) Le projet personnalisé Issu de la loi 2002 - 02 , Le Projet Personnalisé est obligatoire dans toutes les structures sociales et médico- sociales. I l est fait « pour et avec » l’ usager. I l est réalisé, si possible, en accord avec les parents de l’ usager ainsi que son référent de l’ Aide Sociale à l’ Enfance. La forme contractuelle de ce document découle directement de la volonté du législateur de faire participer la personne accueillie à son projet d’ accueil. Cette notion de contrat est l’ un des apports fondamentaux de la loi 2002 - 02 . Elle l’ a imposé comme fondement des relations entre les personnes accueillies et les services ou établissements médico- sociaux. I l est un facteur essentiel de clarification juridique, de visibilité et de transparence. Son opposabilité en fait un document de référence, à même de pouvoir prévenir les litiges, ou d’ en faciliter la résolution. Nous souhaitons accueillir chaque adolescent dans sa singularité. Au- delà de la rencontre, l’ accueil correspond à un positionnement professionnel construit avec le jeune, sa famille et son réfèrent ASE à travers l’ écoute, le recueil et la prise en compte de ses attentes. 2) Le cahier journalier En rapport avec la loi 2002 - 2 , tout évènement significatif concernant chaque jeune est relaté quotidiennement dans un cahier journalier individuel. Ces éléments importants permettent de réaliser des synthèses semestrielles transmises aux référents ou inspecteurs de l’ Aide Sociale à l’ Enfance. 3) Autres écrits Deux s y nthèses sont réalisées par an : en juillet et en décembre. Elles sont destinées aux référents ASE de chaque jeune et le cas échéant envoyées à l’ inspecteur ASE. Elles contribuent à faire évoluer le projet personnalisé. Elles reprennent différents points : l’ internat à La ferme du lama bleu, le quotidien, la santé, les relations avec la famille, la scolarité et les relations avec le maître d’ apprentissage et/ ou le CFA, une conclusion. Des bilans ou rapports d’ évolution et de situation peuvent également être rédigés à la demande. De même des rencontres trimestrielles donnent lieu à un compte- rendu qui est transmis aux référents. Ces rencontres permettent de faire le point avec le jeune d’ une façon plus formelle et de mettre l’ accent sur les points forts et ceux à travailler. Ce document est signé par le jeune et son référent. 2) L'accompagnement éducatif au quotidien 1) Positionnement théorique et concept d’ empathie Bien que l’ on s’ appuie sur des concepts, des notions, pour nous la relation et le lien prévalent. De fait, nous réinterrogeons nos pratiques sous différents angles : formations initiales, expériences, formations continues, analyse des pratiques, etc. Au sein d’ un LVA, la singularité de chacun prédomine. En ce sens, la mise en valeur de la personnalité et l’ implication de chacun s’ impose. Néanmoins, la cohérence, l’ unité et la vision de l’ équipe est et reste primordiale de façon à permettre au groupe d’ être en sécurité et d’ évoluer le plus sereinement possible. Nous connaissons bien les conséquences de l’ effet miroir, ( concept d’ isomorphisme) sur le bien- être ou non d’ une équipe. 2) Le quotidien éducatif L’ accompagnement éducatif s’ inscrit naturellement dans le quotidien, où le « faire ensemble » est au cœur des interactions. Cet événement constitue un espace essentiel pour établir une relation éducative, expérimenter de nouveaux modes de communication et explorer différentes manières d’ interagir. C’ est également un lieu propice à la transmission de valeurs. L’ équipe éducative aspire à transmettre des valeurs centrées sur le « vivre ensemble » : le respect de la loi, des règles de la vie en communauté, des autres, de soi- même et des biens matériels. La f inalité est l’ émergence d’ un apaisement, d’ un bien- être, ainsi que d’ une autonomie durable à long terme au sein de la société. Vivre ensemble implique d’ accepter le partage des espaces et des responsabilités, d’ apprendre la rigueur, le respect d’ autrui et la solidarité en veillant à l’ hygiène et l’ entretien des espaces communs et personnels. A travers cette expérience collective, chaque jeune a l’ opportunité de se questionner sur lui- même, sur sa place au sein du groupe. Le cheminement vers une plus grande autonomie passe par l’ acquisition de compétences pratiques et relationnelles au quotidien, notamment à travers le respect d’ un lieu de vie partagé. Cela nécessite une implication active dans l’ entretien du LVA, ainsi que des soins et aménagements divers liés à l’ outil pédagogique. Ainsi, les jeunes participent aux tâches de la vie quotidienne, telles que le ménage, la préparation des repas et l’ entretien de la maison. I l s’ agit ici du « vivre avec » et du « faire avec » . Pour faciliter leur engagement dans ces démarches, plusieurs protocoles relatifs aux activités quotidiennes ( entretien de la chambre, des espaces communs), des protocoles liés à l’ outil pédagogique animal ( soins aux animaux, f iches de pansage, etc.) et des protocoles pour l’ entretien du site ( gestion des espaces verts et autres) ont été mis en place. Le quotidien permet d’ offrir des repères éducatifs qui développent le sentiment d’ appartenance ( où je suis, dans quelle temporalité, où je vais et avec qui) et une sécurité. Au quotidien, des temps en individuel avec l’ éducateur sont à encourager, pour renforcer le sentiment d’ individualité ( temps d’ échange/ d’ écoute, jeux de société, soutien scolaire, tâche particulière à réaliser etc.). Ces moments privilégiés permettent de soutenir le jeune dans la gestion de son budget, la gestion de sa vêture et de l’ argent de poche. De même, ces temps forts permettent d’ évoquer de façon confidentielle l’ accompagnement mis en place : l’ hygiène corporelle par exemple, les visites à la famille, la santé et d’ autres aspects essentiels de son développement personnel. En créant un espace de confiance, d’ écoute et de lien, ces interactions favorisent l’ épanouissement du jeune et l’ aident à construire des compétences pour son avenir. Le lever En semaine, les levers se préparent dès le repas de la veille afin de pouvoir s’ organiser en fonction de l’ emploi du temps de tous. En effet, chaque jeune dépend des horaires de son école ou de son travail. Pour cela le planning de la semaine est affiché au bureau et à la cuisine, chacun peut le consulter. Nous privilégions les transports en commun, cependant chaque jeune nécessite une prise en charge adaptée et nous devons nous déplacer en tenant compte des contraintes qu’ implique le projet : en effet pour L. nous avons dû faire environ 100 kilomètres ( aller- retour) par jour durant l’ année scolaire, etc. Lorsque les beaux jours arrivent, nous laissons les jeunes faire les trajets à pied vers l’ arrêt de bus de Boissia matin et soir ( environ 7 - 8 minutes de marche). Ces paramètres modifient l’ heure de réveil de chacun et nous obligent à nous organiser de manière efficace pour réaliser nos tâches quotidiennes. Généralement, les jeunes se réveillent donc entre 6 h00 et 7 h30, se préparent, et déjeunent en autonomie. Entre jus de fruits, café ou chocolat, pain ou céréales, les jeunes se servent seuls, De plus, l’ éducateur va chercher du pain frais tous les matins ainsi que des viennoiseries le dimanche. Les jeunes sont souvent pressés pour être à l’ heure au bus afin de se rendre en cours ou au travail et ne prennent pas toujours le temps de bien déjeuner malgré nos nombreux rappels de se lever quelques minutes plus tôt. Avant de partir, ils doivent s’ assurer que leur chambre soit propre et rangée, que le lit soit fait et que la chambre soit aérée. L’ éducateur vérifie et valide, en accord avec le jeune, l’ état des chambres en fonction du protocole établi. L’ éducateur rempli ce que nous appelons le tableau d’ entretien des chambres. À la f in de chaque mois, nous attribuons un bonus d’ argent de poche en fonction du relevé du tableau journalier. Cela permet de faire prendre conscience à nos jeunes de ce qu’ implique le quotidien et de les amener à l’ autonomie. Depuis la rentrée scolaire 2024 , nous fermons les chambres à clefs de 9 h00 à 17 h00, sachant qu’ un planning est établi durant la semaine suivant la saison, etc. Les jeunes ont été informés de ce changement dès l’ été : un courrier individuel leur a été adressé en reprenant le cadre, les objectifs ainsi que les modalités à venir. La mise en œuvre n’ a pas été évidente. En effet, un jeune a saboté le verrou à plusieurs reprises pour manifester son mécontentement. Depuis, la règle est intégrée et favorise le lien du collectif. Les couchers A La ferme du lama bleu, l’ extinction des feux se fait à 21 h30 pendant la semaine et 23 h00 le weekend ou sur demande lors d’ émissions importantes ou matchs de football par exemple. Les jeunes se dirigent souvent vers leur chambre un peu plus tôt que l’ heure prévue. L’ objectif est de s’ assurer que chacun d’ entre eux ait suffisamment de temps de sommeil, ce qui est important pour leur bien- être physique et mental, surtout après une journée d’ activités. I l est indispensable pour nous, éducateurs, que les jeunes prennent conscience de l’ importance du sommeil, et qu’ ils tiennent un rythme d’ école et/ ou de travail conséquent que la société actuelle nous impose. Depuis la rentrée scolaire 2024 , nous fermons les chambres à clefs de 9 h00 à 17 h00, sachant qu’ un planning est établi durant la semaine suivant la saison, etc. Les jeunes ont été informés de ce changement dès l’ été : un courrier individuel leur a été adressé en reprenant le cadre, les objectifs ainsi que les modalités à venir. La mise en œuvre n’ a pas été évidente. En effet, un jeune a saboté Nous sommes bien conscients que certains jeunes ne dorment pas toujours à 21 h30 et chacun doit apprendre à respecter les autres, d’ autant plus qu’ ils sont souvent deux par chambre. Certains jeunes étant en apprentissage, leurs journées sont fatigantes et ils ont besoin de se reposer en conséquence. C’ est pourquoi nous voulons qu’ à l’ heure de l’ extinction des feux, chacun soit dans son lit et au calme, les téléphones en mode silencieux, les lumières éteintes. La gestion du téléphone reste lourde comme dans la plupart des foyers. Cependant, il nous semble impossible de devoir prendre les téléphones le soir. Nous tentons d’ informer et d’ éduquer nos jeunes à une meilleure gestion et un plus grand respect vis- à- vis de leur pair. Certains jeunes comprennent l’ importance de ces règles pour leur santé et leur bien- être. D’ autres plus ‘ ’ accro’’ ressentent de la frustration voire de la colère ou de la violence face à ces remarques ou restrictions, surtout que la plupart du temps, ils estiment que leur téléphone est un moyen pour rester en lien avec leur famille ou leurs amis. Lorsque nous ressentons une dépendance, nous travaillons avec le jeune afin qu’ il puisse prendre conscience de cette difficulté et puisse être pris en charge par un thérapeute. Nous remarquons de plus en plus, dans le cadre de la scolarité qu’ un travail sur cette dépendance est mis en place. Les repas Préambule : L’ identité de La ferme du lama bleu est de s’ inscrire dans un modèle familial. Ce qui implique un fonctionnement similaire : vivre ensemble, respect de soi, des autres et partages. Le temps fort de toute famille s’ articule souvent autour des repas. Le repas du soir est l’ unique moment de la journée en semaine où nous sommes tous ensemble, où nous pouvons discuter, se détendre et rire. I l est donc essentiel que l’ éducateur soit disponible et dans de bonnes dispositions à ce moment- là. Concrètement, le calendrier de la semaine est affiché indiquant les informations nécessaires pour offrir un repère et une possibilité de se projeter. De même, le menu de la semaine est élaboré à l’ avance par un éducateur. Chaque jeune a la possibilité de proposer des idées. Une fois validé le menu sera affiché pour la semaine en cours. I l est important de noter que le menu du samedi soir est, pour les jeunes, ‘ ’ Le temps fort’’ au niveau des repas. I l est le signe pour eux d’ une transmission et d’ un partage. Un budget leur est alloué, ils élaborent un menu puis une liste de courses. I ls vont acheter les ingrédients nécessaires et ils cuisinent ensemble. Ce temps de partage et d’ engagement et synonyme de vie. En effet, nous constatons, en tant qu’ éducateurs, la spontanéité, la convivialité et la joie d’ être ensemble : il y a des rires et des éclats de voix positifs et de bien- être souvent effacés en semaine avec la fatigue et les portables ! Parallèlement à l’ accueil d’ un jeune, le moment du repas nécessite une préparation : aller chercher les jeunes au bus, être ponctuel est synonyme d’ attention et de respect. Une grande attention est apportée à la qualité des produits : viande achetée en boucherie, pain frais tous les jours, légumes achetés chez le primeur, etc. Dans la mesure du possible, nous tentons de favoriser le circuit le plus court. La quasi- totalité des repas est élaborée par nos soins. Cette phase de préparation permet à l’ éducateur de mesurer l’ ambiance du groupe et l’ état d’ esprit de chacun. Bien que nous incitions journellement nos jeunes à participer à la confection du repas, c’ est principalement l’ éducateur qui le réalise afin que le service commence à 19 h00. Le temps de repas a de multiples fonctions : Fonctions primaires : Se nourrir : remplir l’ estomac et l’ estime de soi. Apprendre à confectionner un repas sain, équilibré en quantité adaptée. Définir et respecter un budget. Fonctions affectives et relationnelles : Notion de plaisir Se faire du bien Notion de partage Se tolérer Respecter les règles et les codes. S’ écouter et pouvoir s’ exprimer. L’ éducateur a une fonction de régulation ; le processus étant d’ observer activement de manière impliquée. Cela dans l’ objectif de tenter de repérer le bien- être ou non de chaque jeune accompagné. Pour faire le parallèle avec la famille, l’ éducateur a le rôle de la mère nourricière qui pose et fait respecter le cadre de manière bienveillante. De même, nous mettons un point d’ honneur à ce que chacun participe à la mise de table, le débarrassage et le nettoyage de la cuisine. Le fait de remettre en question le tableau de répartition des tâches autour de la table n’ a pas été simple ni anodin pour nos jeunes. Ce document disparu a fait apparaître des peurs, entre autres, celles de devoir en faire plus, ou encore celle de perdre un droit. Les jeunes se sont sentis sans repère car trop responsabilisés. Le fait de partager du temps, des idées, de donner de soi favorise la création du lien et offre la possibilité à chacun de se montrer tel qu’ il est et d’ être authentique dans un climat de sécurité et de confiance. La notion d’ empathie : pour Rogers l’ empathie est un processus d’ entrée dans le monde perceptif d’ autrui, qui permet de devenir sensible aux mouvements d’ affects qui se produisent chez ce dernier, tout en gardant conscience d’ être une personne séparée de lui. Conclusion : Le moment du repas ne se réduit pas au simple fait de ( se) nourrir, i l implique de prendre le temps de se poser, d’ être attentif et de faire attention aux émotions, souhaits ou état d’ âme de chacun. Comme l ’ a dit K ‘ ’ le temps de repas, c’ est comme la famille, les mauvaises idées disparaissent, on rigole ensemble’’. ‘ ’ C’’ d’ ajouter ‘ ’ ces temps nous unissent’’. Cette préoccupation autour de ce temps de partage a pour objectif d’ amener le jeune à être autonome en trouvant l ’ équilibre entre la notion de plaisir et de budget, dans un cadre contenant. En effet, la présence de l ’ éducateur apporte des l imites que ce soit dans les quantités et le rapport affectif à la nourriture ( canaliser un stress ou une émotion négative, sentiment de solitude, etc.). Groupe et espace de parole Au sein du LVA, existe un groupe de parole que nous avons nommé ‘ ’ Réunion jeunes’’. L’ ensemble des jeunes accueillis sur le LVA se réunit tous les deux mois pour aborder des thèmes variés, souvent proposés par l’ équipe éducative. L’ objectif de ces rencontres est de créer un espace d’ échange et de réflexion où les jeunes peuvent partager leurs idées, leurs préoccupations et leurs aspirations dans un cadre bienveillant et respectueux. Initialement nous avions prévu d’ organiser ces réunions sur une base mensuelle. Cependant, après avoir recueilli les avis des jeunes, il est apparu qu’ une telle fréquence était jugée trop contraignante du fait qu’ un espace de parole existe. I ls ont donc exprimé leur préférence pour une réunion bimensuelle. Chaque jeune a la possibilité d’ accéder à cet espace, souvent situé au bureau, pour exprimer ses souhaits, ses préoccupations ou tout autre sujet qui lui tient à cœur. Cet accès privilégié favorise une communication ouverte et participe à renforcer le lien de confiance entre les jeunes et l’ équipe éducative. 1) Les modalités de g estion de l’ arg ent de poche et de la vêture, etc: Argent de poche En dehors des quinze euros alloués pour un achat mensuel de carte téléphonique, chaque jeune dispose d’ une f iche de compte qui est conservée dans un petit classeur dans le bureau de l’ équipe éducative. Chaque jour, les éducateurs remplissent la f iche intitulée ‘ ’ entretien de la chambre’’ selon le protocole établi. A la f in de chaque mois, l’ argent de poche était calculé en fonction de ces évaluations. Pour chaque jour où l’ entretien de la chambre et des lieux communs étaient jugés satisfaisants, le jeune recevait deux euros d’ argent de poche. A la f in du mois, l’ argent de poche pour le mois suivant était calculé en fonction de ces évaluations et la f iche manuscrite était mise à jour. Cependant nous avons constaté que valoriser ou sanctionner à travers l’ argent de poche n’ était plus en adéquation avec notre approche éducative. Ainsi, une réflexion a été engagée pour déconstruire notre ancienne pratique, en mettant l’ accent sur la valorisation des compétences plutôt que sur la sanction. Cette dynamique de renforcements positifs a plus de sens que de se concentrer sur les manques ou les défauts. Désormais, en dehors des quinze euros alloués pour un achat mensuel de carte téléphonique, chaque jeune recevra une allocation de base d’ un euro par jour d’ argent de poche. Une gratification complémentaire pourra être allouée par l’ équipe éducative, en récompense d’ une implication supérieure à la normale dans la limite de soixante euros par mois d’ argent de poche au total. Par ailleurs, une f iche hebdomadaire intitulée ‘ ’ bilan de la semaine’’ est mise en place chaque dimanche. L’ idée est de faire un point avec chaque jeune de façon individuelle. En terme d’ accompagnement, c’ est permettre au jeune de réaliser le parcours nécessaire vers l’ autonomie. Arg ent de vêture Chaque jeune reçoit deux euros par mois d’ argent de vêture qui sont crédités sur un compte. Une f iche numérique, qui est nominative, est affichée au bureau et est mise à jour chaque mois en fonction des achats. Chaque mois une sortie vêture est organisée pour permettre aux jeunes d’ acheter des vêtements. I ls peuvent choisir les vêtements qu’ ils souhaitent, en fonction de leurs besoins ou de leurs envies, tant que cela reste dans la limite de l’ argent qu’ ils ont thésaurisé. Après chaque achat, la f iche est mise à jour, chaque transaction est codifiée. Cela permet à chacun de retrouver facilement les dépenses et, si nécessaire, de retrouver la facture de l’ achat. Ce système aide les jeunes à gérer leur budget tout en leur offrant la possibilité de faire des choix selon leurs préférences. Argent pour la carte téléphonique Chaque mois, les jeunes qui ne sont pas en alternance reçoivent une aide f inancière de quinze euros pour l’ achat d’ une carte téléphonique. Cela leur permet de gérer leurs communications. 3) Orientation scolaire et professionnelles Environ 90% des jeunes arrivent à La ferme du lama bleu en situation de rupture scolaire. Dans le cadre du Projet Personnalisé, l’ équipe a pour responsabilité de repérer les intervenants extérieurs susceptibles de soutenir et de favoriser le parcours souhaité par le jeune. Afin de proposer à chaque jeune une orientation adaptée à ses souhaits et ses capacités, nous collaborons avec les structures scolaires et professionnelles et celles œuvrant pour l’ insertion des jeunes. Le réseau de partenaires que nous avons tissé au f il des ans nous permet d’ intégrer nos jeunes facilement dans la vie active. En relation avec le Centre d’ Informations et d’ Orientations de Lons Le Saunier et de Poligny, différentes évaluations peuvent être réalisées : bilans des capacités, tests de niveau et de compétences, etc. Une aide aux devoirs est proposée. Les jeunes peuvent s’ emparer de ce soutien, afin de mieux vivre leur scolarité. Certains jeunes ont une aversion pour « l’ école » , ils ont besoin d’ une attention particulière pour se réconcilier avec la position d’ élève. 4) L E S O I N Les soins physiologiques Tous les jeunes bénéficient d’ un suivi médical : soins généraux ( en lien avec la maison de santé de Clairvaux, avec chacun un médecin traitant) dentaires, ophtalmologiques, dermatologiques, orthoptiques etc. L’ équipe éducative met en place un suivi régulier auprès des professionnels de la santé. Les soins psychiques L’ équipe de La ferme du lama bleu est consciente de ses limites dans ce domaine. Nous pouvons conseiller les jeunes en souffrance pour consulter un spécialiste, si besoin. Certains jeunes bénéficient ainsi d’ un suivi psychologique, voire psychiatrique. Nous sommes vigilants à ce suivi et collaborons avec les professionnels afin de répondre au mieux à la problématique du jeune et son évolution. Le Projet Personnalisé du jeune peut être adapté et des solutions envisagées à l’ issue de synthèses entre les différents intervenants ( professionnels de santé, référents ASE, équipe éducative de La ferme du lama bleu). 5) Le lien avec la famille Au cours du 20ème siècle, le dispositif législatif a évolué et a reconnu l’ enfant et sa famille en tant que sujets de droits. La Convention Internationale des Droits de l’ Enfant, datant du 20 Novembre 1989 , a mis en relief les droits des enfants et a réaffirmé le rôle primordial des parents dans leur éducation. Dans l’ intérêt de l’ enfant, les lois promulguées en ce début de siècle ont incité les établissements concourant à la protection de l’ enfance à se questionner sur leurs orientations de travail, leurs interventions et leurs positionnements professionnels à l’ égard des familles, ainsi que sur les relations qu’ ils entretiennent avec elles. La volonté de prendre en compte l’ existence des familles dans la prise en charge des enfants placés est donc une démarche relativement récente. Dans un souci d’ adaptation aux réalités familiales ( divorces, séparations, etc.), différentes lois ( 22 Juillet 1987 et 8 janvier 1993 ) sont venues renforcer le droit de l’ enfant à être élevé par ses deux parents. La loi 2002 - 305 du 4 Mars 2002 , réformant l’ autorité parentale, a permis de réguler les conditions de l’ exercice de l’ autorité parentale dans un principe de coparentalité, quel que soit le régime matrimonial des parents. La loi 2007 - 293 du 5 Mars 2007 , réformant la protection de l’ enfance, s’ est inscrite dans un mouvement visant à requalifier la fonction parentale. C’ est dans une logique de prévention des difficultés rencontrées par les familles dans l’ exercice de leurs responsabilités parentales que cette loi a été prononcée. Un des axes de celle- ci vise à soutenir les parents dans l’ exercice de leur autorité en cas de difficultés ou de fragilités. Cette loi a permis de faire reconnaître que la responsabilité de protéger l’ enfant était du ressort de la famille et que l’ intervention d’ un service tiers devait être conçue comme provisoire et exceptionnelle. Par conséquent, le cadre législatif tend à favoriser le respect de l’ autorité parentale, le maintien des liens familiaux et la participation des parents à la vie de leur enfant. Les jeunes que nous accueillons à La ferme du lama bleu sont en situation de rupture avec leur famille ou de difficile prise de distance avec les images parentales. La prise en charge éducative tend le plus souvent à traiter une séparation difficile, un lien pathologique ou un trouble de l’ attachement entre le parent et l’adolescent, à l’ âge où ce dernier doit penser à construire son autonomie et son parcours de vie. Même si le LVA n’ a pas vocation à accompagner les familles mais les jeunes, les éducateurs soutiennent les familles ( contacts téléphoniques, rencontres, courriers, etc.). Le lien avec les familles est garanti par un téléphone mis à disposition, et selon les modalités relatives à chaque jeune, l’ organisation de visites des familles sur le lieu de vie, de séjours des jeunes dans leur famille, ou de rencontres médiatisées. Les familles sont prises en compte dans le parcours de leur enfant et prennent les décisions les concernant. La signature des ou du parent( s) prévaut ( selon qui détient l’ autorité parentale ; à défaut, l’ ASE prend la décision). Des synthèses, visites ou rencontres avec un but défini sont régulièrement organisées, sur le site de La ferme du lama bleu ou au sein d’ un espace neutre. En accord avec le référent ASE et si cela est possible, l’ équipe éducative doit laisser en conscience la place à la famille du jeune dans son éducation et travailler activement en ce sens. Ce travail se fait au cas par cas, en fonction de la singularité de chacun. Le journal de La ferme du lama bleu ( La voie du lama : voulu et nommé ainsi par les jeunes ‘ ’ pour le chemin qu’ on y fait’’) tient une place importante dans le lien entre le LVA et la famille : il leur est envoyé, leur donnant un aperçu du quotidien. Nous ne pouvons pas toujours travailler avec les familles du fait du profil abandonnique de certains jeunes, cependant notre rôle est de travailler au fait que le jeune puisse revoir sa place ou sa fonction dans la cellule familiale. 6) Les ateliers de pré-apprentissages Préambule : A son arrivée, nous laissons au jeune le temps de se poser. Ce temps est mis à profit pour observer et comprendre son fonctionnement, ses capacités, ses aspirations et ambitions. L’ outil que représente l’ activité à la ferme permet de mieux appréhender ces dimensions. Deux types d’ ateliers sont proposés à La ferme du lama bleu : des ateliers dits de « préapprentissages » quotidiens et des ateliers ponctuels. Les préapprentissages proposés sont en lien avec la vie à la ferme et avec les animaux. I ls sont donc quotidiens. Aux jeunes inscrits dans un parcours scolaire et ou professionnel, alors peu présents lors de ces ateliers quotidiens, il est tout de même demandé une participation lors de leurs temps de présence au lieu de vie, notamment le week- end. Nous estimons que les outils offerts par La ferme du lama bleu sont de véritables sources d’ apprentissage, de découverte, d’ épanouissement. Toutes les activités auxquelles les jeunes participent leurs permettent de découvrir un nouveau milieu ( rural, naturel, animal), leur fournissent des connaissances techniques utiles dans le milieu professionnel ou pour la vie quotidienne ( bricolage, jardinage, aménagement, petites constructions, etc.), et peuvent susciter des vocations, orienter les choix professionnels. Le partage et la sensibilisation aux valeurs liées aux soins des animaux et aux événements de la vie d’ une ferme sont vécus lors des temps de présence du jeune sur le site. Obj ectifs des ateliers pédagogiques : Education : Fournir un support éducatif aux adolescents et jeunes adultes pour établir des liens entre eux et leur environnement, y compris les animaux, les végétaux, la terre, etc. Acquisition des connaissances : Permettre aux participants d’ acquérir des notions intellectuelles, sensorielles, artistiques et techniques. Apprendre des techniques : Enseigner des techniques en lien avec le support ‘ ’ ferme’’, comme la soudure ou le travail du bois, etc…. ( lier le côté théorique et pratique). Héritage culturel : offrir aux jeunes accueillis, dont les mineurs isolés, l’ opportunité de découvrir un héritage culturel. Responsabilité et devenir écocitoyen : Encourager les jeunes à devenir responsables et à adopter un comportement respectueux de l’ environnement ( parfois avec intervenants extérieurs). L’ approche des ateliers peut être ludique, expérimentale ou artistique. Elle sera adaptée en fonction des capacités, des intérêts et de la sensibilité de l’ éducateur présent. Enfin l’ accent est mis sur la promotion de l’ initiative, permettant à chacun de participer activement à l’ activité tout en favorisant la prise de responsabilités et en accompagnant les jeunes dans leur maîtrise de l’ apprentissage. En résumé, ces ateliers ont pour objectif d’ aider les jeunes à se développer sur le plan éducatif, tout en les connectant à leur environnement et en les rendant plus responsables. De plus, ces ateliers fournissent des informations à l’ équipe éducative sur les connaissances, les compétences et les ambitions des jeunes, ce qui permet de mieux les orienter dans leur parcours scolaire ou professionnel. Le Projet éducatif de La ferme du lama bleu et le projet pédagogique d’ ateliers de créations ou de fabrications s’ appuie sur des principes fondamentaux dont : Être acteur de l’ atelier favorise la construction de la personnalité de chacun. Les éduquer à l’ autonomie Les responsabiliser dans leurs pratiques Leur donner l’ opportunité de développer des capacités intellectuelles, manuelles De faire l’ expérience du choix et de se construire comme sujet autonome capable d’ esprit critique. Développer la notion de respect de soi, des autres et de son environnement. Il convient de permettre à chacun d’ être reconnu et respecté De respecter l’ autre dans l’ acceptation des différences de compréhension. De développer la solidarité, de favoriser les échanges et le partage De respecter l' environnement. Consolider la socialisation du jeune en développant des valeurs de solidarité, d’ esprit d’ équipe que permet des ateliers artistiques ou techniques. Apporter la possibilité à chacun de partir à la découverte de milieux et d’ environnements inconnus, de favoriser la prise d’ initiative et d’ autonomie tout en garantissant un cadre sécurisant et respectueux des rythmes et capacités de chacun. Plusieurs axes d’ ateliers seront proposés : Atelier artistique Atelier de fabrication de bois f lotté Atelier technique Atelier cuisine : Apprendre et donner envie de cuisiner des recettes simples Elaborer un repas équilibré Sensibiliser sur les normes d’ hygiène et le gaspillage alimentaire Apprendre à organiser son espace de travail Favoriser la convivialité autour d’ un repas confectionné ensemble Atelier sport 7) Évaluation Savoir- faire: Les ateliers sont réalisés avec un ou plusieurs membres de l’ équipe du lieu de vie et éventuellement aussi en contact avec des professionnels extérieurs ( pour aller chercher du matériel, des copeaux pour les box, réceptionner des livraisons de nourriture, etc.). Les ateliers ponctuels permettent de faire découvrir un métier ou savoir- faire spécifique aux jeunes. I ls peuvent être mis en place car une tâche particulière est à réaliser ( entretien du lieu de vie, aménagement d’ un espace, soin aux animaux) ou à l’ initiative d’ un jeune ou d’ un membre de l’ équipe ( soudure, réalisation d’ un totem en bois, etc.). Les ateliers sont alors des supports à la fois d’ échanges et d’ apprentissage de certaines méthodes de travail, de la chronologie et étapes de fabrication, d’ approvisionnement, de découverte d’ un corps de métier, de compétences techniques et savoir- faire. I ls peuvent aussi être vecteur de plaisir. I ls sont prétexte à mettre en avant les compétences des jeunes, à leur permettre de s’ exprimer différemment, éventuellement leur faire découvrir d’ autres centres d’ intérêts, favoriser leur épanouissement. I ls ont aussi une visée créative, sont mis à contribution à des f ins de loisir. Les jeunes peuvent échafauder des projets, en commun ou non. S’ ils sont possibles et cohérents ( utilité, réalisation, budget), l’ équipe met à leur disposition les moyens techniques, f inanciers et humains pour les réaliser : atelier poterie et modelage. IL y a l’ idée de laisser quelque chose de soi dans la création et de l’ objet en témoignage. Ainsi, lorsque des personnes référentes nous rendent visite ( famille, ASE, autres) ces différentes réalisations ou connaissances ( présentation des animaux ou travaux) reflètent d’ une affiliation, d’ une f ierté relative au parcours accompli. Enfin, ils peuvent également permettre un travail sur la notion de famille, en lien avec le conflit de loyauté que peuvent vivre certains jeunes : on peut vivre et se faire plaisir sans trahir, et en faisant découvrir sans se mettre en avant, ainsi être acteur positif, on vise la valorisation et l’ estime de soi. L’ équipe éducative propose des ateliers de découverte d’ activités manuelle, artistique, de l’ environnement, relatifs à un projet pédagogique dynamique et interactif. Nous chercherons à développer une pédagogie où le jeune est acteur ; il découvre et apprend en touchant et en faisant ; il joint le geste à la parole, il participe activement à la construction de son savoir. La réussite du projet tient à la cohérence dans la mise en place des séances d’ ateliers, adaptées au public, aux projets institutionnels, à nos objectifs éducatifs et pédagogiques et suivant le niveau de compétence de l’ équipe éducative. Qualité du travail fourni · Quantité du travail produit Savoir- être en groupe: Capacité de travailler en équipe Relationnel avec les autres jeunes Relationnel avec les éducateurs Capacité à mobiliser Capacité d’ écoute Capacité à partager des informations ( esprit d’ équipe) Etre capable de générer de nouvelles idées Exprimer ses opinions ( oser dire et partager ses idées) S’ intégrer et participer au groupe Savoir communiquer Savoir- être: Être curieux Être flexible ( savoir faire évoluer le projet et en remettre en cause des parties, apprendre de ses erreurs) Oser proposer sa pensée ( questionner l’ éducateur si il y a incompréhension) Être persévérant( ne pas abandonner à la moindre difficulté) Être tolérant( accepté de suivre une idée même “ incomprise”) Avoir un esprit d’ ouverture( écouter l’ autre en le laissant exprimer ses idées) Savoir problématiser ( chercher par soi même une solution avant de demander de l’ aide).
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